Par Dolorès
Première parution en novembre 2013
Bien que je baigne plutôt dans le milieu metal et rock depuis des années, il m'arrive d'écouter du rap. Je me suis tournée très rapidement vers ce qu'on appelle l'horrorcore, qu'on m'a conseillé pour les similarités avec la musique metal (thèmes et ambiance principalement, car portés sur l'horreur, le sombre et souvent sans limites dans les textes). C'est là que j'ai découvert VII (Sept), tombant tout d'abord sur le titre La Ballade des Pendus. J'étais déjà attirée par le nom qui m'évoquait le poème de François Villon, mais là j'ai oublié tout ce que je pensais savoir du rap à l'écoute de ce titre très sombre et mélancolique, très carré, aux textes plutôt bien tournés, le tout sur une musique de Judas Priest. Je ne m'attendais certainement pas à ça. Et c'est finalement ce qu'on retrouve sur de nombreux morceaux, VII utilise assez souvent des morceaux metal pour s'adapter à son style, son univers et ses textes. Je suis d'ailleurs assez fan du morceau Funérailles Électriques qui utilise une partie de The Unforgiven de Metallica pour créer un morceau sur la vision que VII a sur le metal, ayant lui-même été un métalleux.
C'est finalement assez intéressant de voir ces deux mondes que tout semble opposer se mélanger. VII a créé son propre univers basé sur son expérience personnelle avec la musique à travers le temps et sur la violence extrême des mots et des images proposées. Mais, ses influences sont diverses, je pense notamment au titre Noces de Sève et de Vent qui également le nom d'un recueil de poèmes sur les sorcières.
Le thème reste le même et reprend des mélodies du titre Autumntales de Lyriel, un moment de douceur folk qui n'a rien à voir avec l'horreur ou la noirceur qu'il peut évoquer sur d'autres titres. A l'opposé, son dernier album contient le morceau Je suis d'ailleurs qui me fait directement penser à Lovecraft, un thème horrifique beaucoup plus présent dans tous ses titres. Son album Inferno 2 (La couleur du deuil) est assez bien centré sur les histoires d'horreur, de noirceur et glauques entre Erzsébet, Vanité et Les Anges Meurent En Noir, on est beaucoup plus loin du rap français qu'on a l'habitude d'entendre à la radio. Un petit passage de la Ballade des Pendus : Délivré des potences, allant vers le trépas, les nuits de silence ici n'existent pas, somnambule tu n'entends que le glas, déambule, mais la mort te prendra par le bras.
Si VII a participé à de nombreux projets depuis 1995, sa carrière solo débute en 2007 puis il se fait connaître grâce à la trilogie d'albums Inferno. Il explique dans plusieurs interviews son but : ce n'est pas de choquer ou d'être le plus sombre possible, en prenant l'exemple du clip Vermine, il rend tout simplement hommage au cinéma d'horreur. VII semble être un personnage volontairement dérangeant, qui suscite de la curiosité de la part de tous les milieux pour son côté underground.
Malgré tout, on lui reproche souvent de ne pas assez se renouveler. Effectivement, les thèmes et les ambiances ont tendance à se ressembler au fil des albums et le plus gros problème soulevé est qu'il garde toujours ou presque, le même flow. C'est donc quitte ou double à ce niveau-là. Plus simplement, la voix de VII ne plaît pas à tout le monde.
Je ne sais pas quel public il vise, je sais que de nombreux métalleux apprécient sa musique car il arrive à garder une certaine lourdeur et une violence similaires au metal. Côté amateurs de rap, il est souvent apprécié par ses textes bien plus développés et réfléchis que la plupart des rappeurs actuels.
Comme quoi, les artistes les plus "dark" ne sont pas forcément là où on les attend. "C'est un rappeur blanc qui sera le plus noir. "
La musique de VII est aussi sur la playlist de Noire !
A retrouver dans Noire numéro 2
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