Par Amy
Paru en 2013, dans le numéro 1
Peu d'entre vous ignorent ce qu'est le Hellfest -littéralement la fête de l'enfer- qui s'est déroulé du 21 au 23 juin cette année 2013 dans la paisible bourgade de Clisson, au sud de Nantes. Deuxième plus grand festival musical de France et parmi les premiers festoches metal d'Europe avec ses 11.000 festivaliers (Note de la blogueuse : chiffres 2013) et sa capacité d'accueil de 150.000 places, le Hellfest est le rendez-vous de ce début d'été à ne pas manquer pour tous les metalleux et les metalleuses de France. Je m'y suis donc rendue, avec bien trop de valises pour mes petits bras (on remerciera mes très chers amis pour leur aide précieuse) et une tente qui s'est avérée absolument immense et limite galère à monter. On nous avait pourtant certifié qu'il ne fallait que "deux secondes" pour ça. Bon, nous partons donc, mes potes et moi, un peu tard le jeudi soir. Enfin, tard pour moi, qui était habituée à un départ vers treize heures pour une arrivée tranquillou et une installation sans se presser. Du coup, le temps de charger les voitures, s'acheminer vers Clisson, se garer (ce qui nous a pris près de deux fois plus de temps que le trajet total vers Clisson), se charger comme des mules et entreprendre la route vers le camping, nous ne sommes pas arrivés avant un bon 19 heures , voire 19h30.
On râlera pour la seconde année consécutive sur l'éloignement des campings par rapport aux parkings, notamment quand on parviendra, exténués et les épaules en compote, à poser nos sacs sur notre emplacement tout désigné, à proximité du Green Camp, peinard et proche des chiottes.
Mais comme je le ferais remarquer à mes râleurs de copains, Clisson, c'est 7000 habitants à l'année, alors vous pensez bien que la commune est loin d'être équipée pour pour parquer 40.000 caisses débarquées des quatre coins de la France, d'autant plus que le camping est placé sur ce qui fut, il y a deux ans, le parking du Hellfest. Il a bien fallu nous délocaliser un peu. Bref, dans la mesure où un seul voyage nous a permis de tout ramener sur notre campement, je ne me suis pas permise de râler !
Quelques dizaines de minutes et 5 tentes Quechua plus tard (je persiste d'ailleurs à penser que Quechua devrait penser à sponsoriser ce genre de festival, vu la thune qu'on leur laisse chaque été !), nous voilà installés, les premières bières en main. C'est officiel, le Hellfest peut commencer !
On fait connaissance avec les voisins, suisses et indiens pour la plupart, on trinque avec des inconnus, on pisse dans des toilettes encore à peu près propres à cette heure du festival. On retrouve d'anciens potes, d'anciennes rencontres, on s'offre le dixième apéro de la soirée. Un saucisson plus tard, me voilà partie, quelques potes sous le bras, pour le MetalCorner et le concert de Dancefloor Disaster, groupe de la région nantaise, spécialisé dans les reprises de pop commerciale version metal punchy. Un régal. Rien à dire du côté de la setlist et en grande habituée des concerts de ce groupe, je m'autorise un saut dans ce qui sera mon premier et dernier pogo du Hellfest, pour la simple et bonne raison que j'y m'y faite broyer.
J'avais totalement oublié que le public ici serait bien plus eclectique et potentiellement moins calme que les spectateurs de DFD auxquels j'étais jusque là habituée. Du coup, j'en ai pris plein la tête, au sens littéral. Trois bosses plus tard, deux boucles d'oreilles arrachées, un bracelet en moins et et une dent à l'agonie, je me fais gentiment éjecter par un gentil coreux de ce mixer géant. Ouf.
La nuit sera courte, comme les suivantes, pour des journées assez chargées, notamment en soirée. J'errerais beaucoup entre le camping et le fest au cours de ces trois jours, alternant pause apéro (ou bouffe) avec des concerts. Globalement, je ferais peu de découvertes, à mon grand dam, en raison de trop nombreux groupes à voir.
Je fais rarement des Hellfest en freestyle et c'est armée de mes running order (plastifiés SVP) que je traversais les journées. Mon emploi du temps est réglé à la minute et changera assez peu de ce que j'avais prévu.
Je raterais au final deux concerts à savoir Equilibrium et Waltari, pour cause de pluie et de manque de motivation au vu de la météo. Tant pis, à la place, au cours du Fest, j'aurais tout de même découvert Wintersun, assez sympa en live et My Sleeping Karma, qui m'a surpris avec son metal posé et vraiment très agréable à écouter en ce froid dimanche matin.
Je ne m'attarderais pas sur les concerts que j'ai vu, considérant que mes goûts ne sont pas nécessairement ceux de tout le monde, mais globalement j'ai été très satisfaite des concerts que j'ai faits. La sono était bien meilleure que les années précédentes, avec des balances généralement très bonnes, stables et peu agressives.
Un vrai effort également sur les lumières, ajoutant des jeux scéniques. Les concerts étaient un vrai bonheur cette année. J'ai également pas mal erré entre les scènes, passant des Mainstages, au Temple et à l'Altar et deux excursions en territoire inconnu : la Warzone. Je ne verrais que peu de choses sous la Valley, qui peine à me séduire au vu de la prog des autres scènes.
Contrairement à beaucoup, j'ai aimé l'éclectisme de la programmation de cette année, avec des têtes d'affiche assez accessibles et des groupes plus violents et isolés. Etant moi-même adepte de groupes très différents des uns des autres dans le spectre du metal, j'y ai trouvé mon compte, bien que je sache que cela n'a pas été le cas de tous. Je m'arrêterais en revanche sur les gros efforts d'organisation faits cette année au niveau du fest, à tous points de vue.
Sans grande surprise, le nouveau site en service depuis 2012 tient ses promesses : plus d'espace malgré une fréquentation sans cesse croissante et surtout une meilleure organisation, notamment dans la répartition des différents pôles rythmant le Fest. Peut-être que certains n'ont pas eu l'occasion de connaître le précédent site, plus petit, dont le principal inconvénient était l'emplacement des Mainstages , situé presque à l'entrée, ce qui causait d'infernaux embouteillages aux heures de pointe (comprenez : le soir sur les têtes d'affiche). A présent, les Mainstages sont releguées au fond du site, à l'opposé de l'entrée et surtout, au sein d'une large esplanade, qui leur est entièrement consacrée. Ainsi, plus de problème pour circuler dans les autres zones quand on n'est pas spectateur !
Toutefois, Ben Barbaud et son équipe ne se sont pas arrêtés là. Ils ont remanié le coin Mainstage, déplaçant le bar non plus sur le côté des scènes mais en face, ce qui permet en plus d'y accéder plus aisément (le fond étant rarement bondé) mais également de profiter des concerts une bière à la main. Un vrai plus ! On note aussi la multiplication des toilettes, malheureusement toujours aussi crades, surtout en fin de journée. Il y en a plus, oui, mais on déplore cependant les temps d'attente et l'état général des cuvettes. Néanmoins, Ben Barbaud s'en excuse et présente quelques explications sur ces états de fait en arguant que les prestataires d'hygiène sont peu nombreux en France et surtout peu aptes à répondre à d'importantes demandes comme celles du Hellfest. De plus, organiser des vidanges régulières sur le site s'avère complexe. A la suggestion des toilettes sèches, Ben répond que peu de bénévoles se montrent enthousiastes à l'idée de vidanger les chiottes d'un festival de cette ampleur et franchement, on les comprend ! J'ai tout de même noté une amélioration dans l'état des toilettes par rapport aux années précédentes, ils sont restés relativement praticables tout le week end. Un seul conseil, y aller juste après la vidange ou aller dans les toilettes dans les lieux les plus reculés, à savoir ceux de la Warzone.
On remarque aussi l'aménagement, comme sur le site précédent, d'un "village de la bouffe" regroupant tous les stands de restauration du festival, contrairement à l'an dernier où ils étaient dispatchés en deux endroits, d'abord face aux Mainstages et derrière la double scène Altar-Temple. Ils sont désormais le bar de la Mainstage, accessibles via le chemin menant à la Warzone (et longeant le petit bois du Kingdom of Muscadet). Disposés en U, ils permettent de s'y retrouver plus facilement. Il s'agirait apparemment de limiter la concurrence orchestrée par la précédente organisation puisque les stands des mainstages auraient bénéficié d'une fréquentation plus importante.
Pas de surprises cependant côté bouffe, les prix restent élevés par rapport à la qualité et les traditionnels kebabs/américains restent majoritaires. Je saluerais néanmoins le retour de deux stands végétariens, qui séduira non seulement les végans, mais aussi ceux comme moi qui n'ont pas un amour immodéré pour la frite cuite dans une huile vieille de trois jours. Un bon moyen de manger sain, pour pas moins (ni plus cher) qu'ailleurs. Je les recommande pour l'an prochain !
Du coup, les stands de sponsors et notamment le très prisé stand Sfr de rechargement mobile , se retrouve relégué au fin fond du Fest, derrière l'Altar-Temple et la Valley. Je trouve cela très intelligent, la zone est assez calme, peu fréquentée et ça permet aux organisateurs de dire "mais si, il y a de la place pour les sponsors" sans afficher ceux-ci de manière ostentatoire à la tronche des festivaliers. Un vrai plus. Enfin, on note les quelques petites nouveautés "déco" de l'année puisqu'une immense arche se dresse désormais aux portes du petit bois qui mène au bar à vins. Portant la mention "Kingdom of Muscadet" et avec des faux airs de portes du Mordor, cette arche s'avère de belle facture. De plus, elle s'avère être un parfait point de rendez-vous si d'aventure vous perdez vos potes.
Des tables et des tabourets ont également fait leur apparition dans le petit bois. Bien évidemment pris d'assaut, ils n'en restent pas moins jolis et pratiques.
La Warzone est également passée en scène extérieure et ce n'est pas si mal : moins de poussière et plus de place, pour des concerts dans de super conditions, au vu de la météo du week-end.
J'ai eu également l'occasion de visiter le carré VIP, pour la première fois. L'intérieur porte bien son nom puisque la pièce est carrée, peu fréquentée dans la journée et blindée dès le soir : mais c'est surtout l'extérieur qui vaut le détour, notamment pour l'autel, au fond du "jardin" où des sculptures en metal couplées à des croix de guingois rendent hommage aux stars décédées du metal. Le soir, tout s'illumine à la lueur de flammes (et aussi un peu d'électricité) et l'ambiance deviant franchement géniale. De grandes structures métalliques offrent des espaces de détente (hamac, terrasse ombragée, sculptures...), qui confère à l'ensemble une identité propre.
Si le reste du site est superbe, on sent dans le carré VIP l'attention portée à ces gens un peu d'élite que l'on accueille. J'ai également visité l'espace presse, sans pouvoir malheureusement assister aux conférences qui m'intéressaient (notamment celle du boss Barbaud) pour cause de concerts car contrairement à de nombreux VIP, moi, je l'ai payé mon pass !
Bref des améliorations notables et ma foi bien agréables . Ca ne vous change pas fondamentalement la vie, mais ça prouve que le Hellfest est à l'écoute de ses clients. Pour l'an prochain, j'espère une sortie de festival plus large, car le vendredi soir au concert d'Avantasia, j'ai cru ne jamais pouvoir quitter le site !
Des toilettes à l'Extreme Market serait également souhaitables, tout comme agrandir celui-ci : la circulation y devient vraiment chaotique. Enfin, côté aménagement pour les personnes handicapées, je cherche encore à comprendre pourquoi la plateforme PMR n'est pas couverte, pour les protéger de la pluie. On se baigne les pieds dans la flotte à la moindre averse.
Côté camping, pas grand chose à dire, l'organisation est encore une fois respectée et bien meilleure que sur l'ancien site, grâce notamment aux grands pylones de repère et au code couleur. Néanmoins, le camping est très grand et les toilettes encombrées. Je préconise davantage de cabinets et peut-être un ou deux poteaux supplémentaires parce que si on est au pied du Green, comme nous ça le fait, mais si on est coincé vaguement entre le Red, le White et le Green, je vous laisse imaginer la galère pour expliquer à vos potes où vous trouver pour l'apéro !
Comme tous les ans, le festival s'est avéré bon enfant et sans incident notable, les metalleux sont toujours d'adorables bisounours habillés en méchants et les Free Hugs se multiplient sur le site. Les déguisements pullulent cette année, on recensera entre autres Pikachu, Angry Bird, un coussin péteur, Blanche Neige, le classique Jésus, l'inimitable la Denrée, une ballerine, quelques moines et autres cardinaux, un kangourou, une Iron Man en catsuit, des glameux (comment ça, ce n'est pas un déguisement ?), une robe en capsules de bières ou encore Neytiri d'Avatar.
Une édition haute en couleurs ! Aucun groupe pour l'an prochain n'a encore été annoncé, mais c'est avec grande impatience que j'attends l'édition 2014.
EN BREF
Top 5 des meilleurs concerts
1. Avantasia : pour leur premier show en France et mes 7 ans d'attente. Irréprochable.
2. Kiss : pour la prestation scénique, la qualité du truc. Bémol : l'absence de I was made for loving you de la setlist.
3. Between the Buried and me : Etrange position, certes, pour un groupe facile d'accès qui m'a rendue folle par la perfection de la sono, de la setlist et leur époustouflante maîtrise musicale.
4. Twisted Sisters : Seulement quatrième à cause de la modification de planning. Plus court, moins de gens, moins "scénique", j'applaudis quand même l'énergie incroyable du chanteur et le bonheur que c'est de voir un groupe qui nous donne exactement ce qu'on est venu voir : ses gros tubes.
5. Lordi : un show qui manquait peut-être un peu de spontanéité, mais une setlist entraînante, un bon jeu de scène et puis, c'est LORDI quoi. Eux aussi, ils nous ont donné exactement ce qu'on était venu chercher et pour ça c'était mortel.
Mention spécial à UNEARTH qui a bien envoyé du lourd dans la WARZONE. J'aurais également assisté aux concerts de Volbeat, Korpiklaani, Converge, My Sleeping Karma, Wintersun, un bout de Red Fang et un autre bout de Ghost, Stille Volk, Skindred dont j'ai adoré l'energie, Down mais de loin, A Day To Remember, Parkway Drive mais de loin aussi...
LES FLOPS DU WEEK END
Sans oublier le pire flop du week-end, Bullet for my Valentine. Je devais ce concert à la gamine de 15 ans en moi qui en était fan. Je pense qu'elle en aurait pleuré. Des balances dégueulasses, un chanteur inaudible, des chansons massacrées, un nouvel album inconnu et très vide, Matt Tuck en sosie bad boy de Matt Pokora. A crever.
Def Leppard : Non pas un massacre, mais ma grosse déception. Un show sans âme, avec très peu de scénique, malgré une installation impressionnante et quasiment inutile, une plage de deux heures, qui s'est avérée trop longue, puisqu'un set plus court aurait probablement gagné en énergie. Heureusement, ils ont joué Action, LA chanson que je voulais voir, après ça, j'ai totalement décroché. Ils ont même meublé avec un petit film que j'ai jugé totalement superflu. Bref, contrairement à beaucoup de groupes, Def Leppard a mal vieilli, j'aurais mieux fait de rester aux cassettes de mon père.
A retrouver dans Noire numéro 1
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Tags : #hellfest, #hellfest2013, #throwback, #festival, #metal, #clisson
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