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Photo du rédacteurNoire Lemag

La mode féminine à travers l'histoire

Par Amy

Première parution Juin 2015



Crédits photo : Lyzz Hana sur Pixabay


S'habiller, c'est probablement le truc qui nous paraît le plus naturel depuis qu'on est petit, avec respirer ou manger. C'est comme ça, on ne sort pas tout nu dans la rue. Au-delà de la décence et de la pudeur, le vêtement est surtout un moyen de se protéger des agressions extérieures.



En effet, si on remonte très loin dans le passé, les premiers humaines étaient couverts de poils, bien plus que nous le sommes aujourd'hui. Du coup, on ne sait pas trop si le besoin de vêtements est venu par souci de pudeur ou par souci pratique. En effet, les fourrures et peaux dont ils se couvraient leur servaient quand même à se protéger du froid, à une époque où la météo n'était pas la même que la nôtre. L'invention des chaussures a permis de se déplacer sur des terrains plus accidentés sans se blesser, de se protéger des épines, cailloux et débris sur le sol. En tout cas, certains chercheurs pensent que le vêtement aurait causé la disparition progressive du poil (mais y a pas de certitudes là-dessus).


Puis, l'évolution aidant les vêtements sont devenus quelques chose d'indispensable, que ce soit pour le besoin primaire de se protéger des intempéries, que pour préserver son corps, ne pas se montrer nu. Il est intéressant de voir que certaines cultures n'ont pas cette frayeur de la nudité, qu'être très peu couverts n'est pas en soi un problème, comme certaines tribus de Polynésie ou d'Afrique Noire (même si là aussi, on se couvre les parties génitales).


Bon, faire un article recensant les évolutions de la mode depuis la Préhistoire jusqu'à nos jours me paraît une tâche sinon irréalisable, en tout cas complexe au point de mériter un livre dédié, aussi, nous allons choisir de nous attarder sur certaines évolutions clés, et en particulier sur le symbole très fort qu'est le vêtement dans la société. Je tiens à préciser que je vais parler de ce que je connais, c'est à dire l'Europe, car il est évident que la mode africaine, asiatique, australienne et même américaine ont des origines et des évolutions différentes, en tout cas jusqu'à notre époque moderne et sa mondialisation des cultures.




J'ai volontairement choisi de démarrer à partir du Moyen Âge, parce qu'il me semble qu'auparavant le vêtement a surtout connu des évolutions fonctionnelles. L'homme a d'abord dû apprendre à tisser, à travailler les matériaux, à les couper etc... avant de pouvoir faire de l'habit un objet d'apparat. Les coupes étaient relativement sommaires, tout comme l'assemblage, fait de laçages et d'épinglages (avec des fibules par exemple, car le travail des matériaux était lui bien plus avancé).


Hérité de l'Antiquité se retrouvent au Moyen Âge le travail des matériaux naturels, tels que le cuivre, le chanvre, le lin ou la laine de mouton. De plus en plus, on teint les tissus, en particulier pour les nobles. Car le Moyen Âge et le vêtement de l'époque, se base énormément sur le système de castes de la société. Le costume est le reflet d'un statut social déterminé et d'une activité. Les paysans, les nobles ou le clergé affichent des signes distinctifs selon leur appartenance. Ainsi, la symbolique des couleurs revêt une importance capitale.


On distingue tout au long de cette période, une évolution très nette et très rapide des tenues : les coupes se complexifient, les tissus également, on accessoirise de plus en plus et l'emploi des couleurs évolue à mesure que les techniques de teinture se perfectionnent. De dix ans en dix ans, la mode change et en sautant de demi-siècle en demi-siècle, on constate des changements parfois radicaux et ce jusqu'à la Renaissance. Je pense par exemple à la fraise, cette fameuse collerette de dentelle amidonnée apparue au XVIème siècle, d'abord petite et légère, elle s'est petit à petit amplifiée, rigidifiée, jusqu'à être tellement grosse qu'elle devait être soutenue par une armature de métal, le tout en l'espace d'une paire de décennies.



La reine Elisabeth 1ère et sa jolie fraise de dentelle


Du coup, arrêtons-nous sur quelques caractéristiques intéressantes des tenues du Moyen Âge. Tout d'abord, le corset n'existait pas. Du tout. Le corset n'est apparu qu'à la Renaissance et c'est un parfait anachronisme que de se costumer de façon médiévale en arborant des corsets ou des bustiers. D'ailleurs, d'une manière générale, les sous-vêtements, c'était pas trop ça à l'époque.


D'abord très fonctionnelles, les coupes faites de grands rectangles ou carrés de tissus assemblés se complexifient. Contrairement aux idées reçues, les vêtements du Moyen Âge étaient très colorés, mais il était considéré comme vulgaire et infâmant de mélanger les couleurs sur un même tissu ! On privilégie, en revanche, les superpositions, même les plus improbables et les plus flashy. Ainsi, il est de bon goût de porter une chemise rouge, un bliaut ou une côte bleue et un manteau jaune, par exemple. Les couleurs sont issues de pigments naturels, souvent des plantes, tel le rouge garance, le bleu tiré de l'indigo ou le jaune du safran. Le noir était fabriqué à l'aide de matériaux brûlés comme le charbon, mais sont restés très longtemps très difficiles à fixer !


Ces couleurs très vives, qui vieillissent mal et nécessitaient beaucoup d'entretien étaient essentiellement réservées aux nobles. Les paysans se contentaient de coloris plus ternes, tels que le gris, le vert (qui pâlissait si vite qu'on le réservait surtout aux paysans, comme tenue de travail), le marron ou le tissu brun, sans teinture.


Photo : Mariage de Charles IV et de Marie de Luxembourg. Grandes Chroniques de France.


La symbolique des couleurs était également très importante : le rouge était symbole de force, de courage, de charité ; le bleu symbolisait la loyauté, la justice et la sagesse ; le jaune correspondait à la richesse, la noblesse et la foi ; le noir exprime l'humilité, la patience, la pénitence etc... Au début du Moyen Âge, le rouge était particulièrement en vogue, jusqu'à ce que Saint Louis, au XIIème siècle, ne fasse du bleu la couleur héraldique de la monarchie. Si vous regardez les tableaux de cette époque, tels que ceux présents dans cet article, vous distinguerez, qu'en effet, bleu et rouge sont omniprésents. Le jaune et le vert étaient cependant réservés aux musiciens et aux bouffons, tandis que l'association rouge/vert/jaune était considérée comme de très mauvais goût. Le violet était, quand à lui, très peu usité, car il était essentiellement réservé aux ecclésiastiques.


D'une manière générale, les couleurs très vives et très franches étaient privilégiées, aussi est-ce un anachronisme que d'arborer une robe d'un bordeaux foncé pour une tenue médiévale !

De plus, les tissus comme les soieries, les taffetas, les mousselines et le velours ne sont pas apparues avant le XIIIème siècle, grâce aux voyages qui amenèrent à de nouvelles découvertes et aux Croisades.


Question coupe, chez les femmes, les robes étaient très longues, elles couvraient les pieds ! les femmes devaient également se pencher vers l'arrière pour ne pas marcher sur leur ourlet. Les bras étaient couverts également et il faudra attendre longtemps pour voir apparaître des robes dévoilant le bras. En revanche, les encolures s'échancrent volontiers. Lorsqu'il faisait froid, on portait cape, manteau et houppelande au XVI ème siècle, sorte de longue robe/manteau, qui traîne par terre, aux manches volumineuses. On utilise également la fourrure pour doubler les vêtements d'hiver.



Crédits photo : Lille Lettré


Enfin au Moyen Age, deux accessoires priment : les coiffes et les ceintures. À l'époque, les femmes cachaient leurs cheveux et les coiffes présentaient des formes les plus variées et les plus folles selon les modes. On note par exemple l'apparition, au XVème siècle, des hennins, coiffes en forme de clocher d'église, sorte de grands cônes parfois ornés de voiles qui pouvaient mesurer jusqu'à un mètre de haut ! Pas pratique du tout pour passer les portes. D'autres coiffes rigolotes furent également populaires, comme celle dont je connais pas le nom et que j'appelle le "boudin" : il s'agit d'une couronne rembourrée, tapissée de velours, qui se portait ceinte autour de la tête, ornée d'un voile à l'arrière. Les ceintures, quant à elles, ceignent la taille et évoluent tout au long des siècles. Parfois longues à en traîner par terre, tantôt tissées et brodées finement, puis plus tard faites de métal, la ceinture fut portée pendant longtemps pour embellir des tenues souvent très simples.


Niveau maquillage, le minimalisme était de rigueur, car se maquiller était désapprouvé par l'Eglise. La mode était au teint diaphane, et seul le "blush" était autorisé sur les joues. En effet, le teint hâlé était l'apanage des paysans, qui travaillaient dehors, dans les champs et les nobles ne voulaient donc pas arborer le même teint tanné !


Il y a encore bien des choses à dire et à raconter sur la mode du Moyen Age, tant elle est riche et variée selon les époques. Evidemment, la longueur de la période étudiée rend les changements d'autant plus nombreux, c'est pourquoi je ne veux pas m'étendre indéfiniment sur le sujet.



Crédits photo : HISOUR (si vous trouvez le nom du peintre et de l'œuvre, je suis preneuse !)


Je vous invite donc à nous transporter à la Renaissance. Ici, c'est bien pareil : la mode évolue à une vitesse affolante, en témoignent les nombreux tableaux de l'époque, dont peu se ressemblent au final. Toutefois, on remarque quelques tendances générales qu'il convient de souligner.


Tout d'abord, on importe le coton et la mode est à la chemise de coton, ou de soie qu'on cherche la plus fine possible. La finesse de l'ouvrage témoigne du statut social, car plus le tissu est fragile, plus il demande de savoir-faire pour être fabriqué et plus il coûte cher... Du coup, cette fameuse chemise, on veut la montrer. C'est ainsi qu'apparaissent dans les vêtements les crevées et les taillades, des découpes dans le tissu des couches vestimentaires supérieures qui laissent transparaître la chemise. Laquelle est par ailleurs, très volumineuse et ample. Les vêtements supérieurs, jupes, pourpoints et autres, sont quant à eux faits de velours, de lourds brocarts brodés, de riches taffetas et soieries.


C'est au même moment, pour les mêmes raisons, qu'apparaît la dentelle en tant qu'ornement des tenues. On la porte au poignet ou au cou, pour l'essentiel (et elle donnera naissance à la fameuse fraise que j'ai mentionnée avant). La dentelle prendra ainsi de plus en plus d'ampleur , jusqu'à former collerettes immenses et manches en dentelle abondante telles qu'on la voit dans les films.




Crédits photo : Film "Deux soeurs pour un roi" de Justin Chadwick (2008)


Mais la Renaissance est surtout marquée par deux innovations très importantes en matière de mode : l'invention du corset et du vertugadin. Bon, si je n'ai nul besoin de vous présenter le corset (et vous invite à relire notre article sur ce sujet dans ce blog), je vois en revanche votre grimace d'incompréhension face à ce mot barbare qu'est le vertugadin.


Le vertugadin (que je ne me lasse pas d'écrire tant je le trouve rigolo) est en fait un concept bien simple. Il s'agit de placer une armature sous les robes et les jupes afin de lui donner une forme particulière. Oui, vous avez raison ! La crinoline est une forme de vertugadin, bien qu'elle n'apparaisse à proprement parler qu'un peu plus tard, à l'époque Victorienne. À la Renaissance, on privilégiait ce qu'on appelait les paniers, qui élargissaient les hanches à outrance. Personnellement, la première chose que j'arrive à penser en voyant ça, c'est "Mais comment elles faisaient pour s'assoir ? ".


Cependant, au tout début, la mode est à la silhouette conique, le corset rétrécit outrageusement la taille et aplatit la poitrine, la jupe s'évase depuis la taille et reste très droite, maintenue par une armature en fil de fer. Les formes à paniers, en tonneau (qui ressemblent précisément à ce que vous imaginez, oui) se multiplient par la suite. Fun fact, on appelait également les vertugadins "cache-enfant", parce que, de toute évidence, sous une robe pareille, on peut en cacher des choses ! D'où très probablement l'expression : "se cacher sous les jupes de sa mère".



Crédits photo : "Les Ménines" de Velazquez



La mode de la Renaissance est dictée par les cours espagnoles et italiennes, comme à peu près tout ce qui était de bon goût en France, jusqu'à l'arrivée du Roi Soleil (moment où tout le monde a commencé à bien vouloir nous copier, notamment Versailles). Aussi, l'éventail, popularisé par Catherine de Médicis, devient-il un accessoire très prisé à la cour, en particulier lorsqu'il était fait en plumes.


Ce n'est que vers la fin de la Renaissance, à l'époque dorée de Versailles, que les perruques étaient très à la mode. Arborées aussi bien par les femmes que par les hommes, elles étaient l'accessoire que toute personne un peu aisée se devait d'avoir. De plus, à la Renaissance est née la croyance selon laquelle l'eau était néfaste et que se laver causait des maladies. Aussi, l'hygiène à ce temps-là était incroyablement mauvaise (ce qui n'était pas du tout le cas au Moyen Age). On se fardait le visage avec des poudres odorantes à la fois par effet de mode mais également pour masquer la crasse et les odeurs. Le parfum était abondamment porté et les perruques, tout aussi arrosées de senteurs, servaient à dissimuler des chevelures dans des états parfois innommables.

La mouche, sorte de grain de beauté fait de mousseline noire collée sur le visage des femmes, ne devient populaire qu'au XVIIIème siècle. La mouche possède une signification selon l'endroit où elle était placée. Sur la joue droite, cela voulait dire que la femme était mariée, tandis que sur la gauche, elle manifestait à l'inverse la volonté de faire de "nouvelles rencontres". Je rappelle que ce siècle est également celui du libertinage décrit par Choderlos de Laclos dans Les Liaisons Dangereuses. Les autres mouches ont des significations aussi étonnantes que "je sais garder un secret", "je suis coquette" ou "je suis effrontée".



Crédits gif : Mel Brooks en Louis XVI dans "La folle histoire du monde" : "ça vaut le coup d'être le roi !"


Le corset persistera longtemps, tout en subissant de très nombreuses évolutions, correspondant à l'évolution des mœurs, mais aussi des canons de beauté. La forme conique de la Renaissance deviendra rapidement une forme sablier, à la forme en S, penchée vers l'avant, de l'Ere Victorienne, jusqu'à la silhouette tubulaire des Années Folles. On note cependant qu'il n'est presque plus porté après la Révolution, sous la Première République. Il sera réintroduit à l'Epoque Napoléonienne, sous le Premier Empire, et persistera jusqu'à la Première Guerre Mondiale. Il reviendra dans les années 20 jusqu'aux années 40, sous un format un peu allégé, avant d'être abandonné au profit de la gaine.


Sous le Premier Empire et jusqu'au prémisses de l'Epoque Victorienne, la mode sera à l'Antiquité. Les coupes se cintrent sous la poitrine, le blanc est très apprécié pour les femmes. Très longues et amples, on distingue robes de jour et robes de bal. Les cheveux relevés sont de rigueur en société et les hauts gants font leur apparition sur les bras des jeunes femmes, en lieu et place de longues manches. De façon Empire jusqu'aux Années Folles, la silhouette féminine est beaucoup plus libérée à l'époque qu'elle ne l'est après et le film Orgueil et Préjugés, par exemple, retranscrit parfaitement les costumes qu'on retrouvait à ce moment-là.



Crédits photo : Netflix


La défaite de Napoléon conduit à une révolution des mœurs qui "régressent" vers le passé. On renferme le buste féminin dans un corset en sablier et la crinoline fait son apparition, car on cherche à nouveau de l'ampleur dans les robes. À l'origine formée de plusieurs couches de jupons épais, puis d'un jupon de crin raidi, elle rendait la marche très difficile. Aussi fut-elle rapidement modifiée pour devenir les crinolines que vous connaissez probablement : sorte d'armatures légères sous la jupe. À l'époque, les crinolines pouvaient atteindre 1,80 mètres de diamètre ! Les tenues se paraient de dentelles, de rubans, de volants et de gants pour couvrir mains et bras. On sort de chez soi avec un couvre-chef et la mode est à la "capote", sorte de chapeau en forme d'arc rigide noué par un ruban sous le menton.


À l'Ere dite Victorienne, sous la IIIème République, la silhouette féminine change à nouveau pour une forme dite en "S" : la nouvelle forme des corsets les force à se pencher vers l'avant tandis qu'apparaissent les "faux-culs" ou robes à tournures. Très populaires, on rajoute du volume par l'emploi de nombreux volants à l'arrière et de multiples jeux de plis. Fronces, rubans, dentelles et nombreuses fioritures viennent orner les tenues et on abandonne petit à petit les chapeaux trop encombrants au profit de coiffures travaillées à base de tresses, d'ornements floraux et de lourdes anglaises retombant sur la nuque.


La mode victorienne est notamment caractérisée par les fameuses bottines à lacets, très contraignantes. Ces chaussures étaient incroyablement longues et difficiles à lacer, sans aide et avec un corset, de nombreuses femmes s'aident d'un petit outil spécial, façon crochet, qui facilitait le laçage. Mais enfin, cela pouvait prendre plusieurs dizaines de minutes par chaussure !


Crédits photo : Pinterest


D'ailleurs, les distinctions sociales se veulent très affirmées dans le vêtement : on distingue les tenues des riches, très ornementées, les tenues des domestiques (simples et pratiques) et les tenues plus pauvres, des travailleurs et des paysans. À cette époque et alors que ce n'était pas le cas à la Renaissance, le corset est adopté jusque dans les strates inférieures de la société.


C'est également à cette époque qu'a lieu la Révolution, celle où la mode deviendra la mode à proprement parler, en tant qu'art, en tant que mouvements perpétuels et conscients. Charles Frédéric Worth invente... la haute couture ! Grâce à l'industrialisation, on peut désormais produire les vêtements en masse, là où ils étaient fabriqués artisanalement. Au début du XXème siècle, c'est Jeanne Paquin qui "inventera" les défilés de mode et présentera sa collection de ce qui est désormais le "prêt à porter". Les vêtements sont désormais disponibles dans les grands magasins et cela change totalement le rapport du vêtement à la société. La distribution massive permet de populariser la mode et l'industrialisation autorise l'utilisation de tissus moins onéreux pour produire des tenues destinées aux moins fortunés. En 1900, on recense 20 maisons de Haute Couture à Paris. En 1946, on en recensera plus d'une centaine ! Aujourd'hui, seules une quinzaine sont encore en activité.


Mais les guerres arrivent et avec ça, une lourde et profonde modification de la société. Les femmes se mettent également à travailler, dans les champs, dans les usines et à la maison, pendant que les hommes sont partis au front. Elles ont besoin de bouger, et abandonnent le corset de façon quasi définitive. Il évoluera désormais sous une forme moins baleinée, jusqu'à être remplacé par la gaine dans la fin des années 30. Les jupes se raccourcissent pour permettre une plus grande amplitude du mouvement sans s'emmêler mais surtout pour économiser du tissu dans une économie précaire. Les coupes s'élargissent, se simplifient énormément. Le vêtement reprend une valeur fonctionnelle et pratique. Symbole d'émancipation, les femmes sont désormais libres et demandent davantage de reconnaissance pour le travail qu'elle font.



Crédits photo : Mae dans la série "Peaky Blinders"


Pourtant, avec la guerre et la victoire viendront les années folles. Aux formes strictes et très couvertes du siècle passé succède la "folie". Les robes se raccourcissent drastiquement (sous le genou !) et la forme tubulaire devient à la mode. On porte des corsets très longs, qui laissent la poitrine libre mais rétrécissent hanches et cuisses pour répondre aux critères d'élégance de l'époque. On ajoute de multiples fioritures aux tenues (broderies, perles, strass), on porte de longs sautoirs en perles et des coiffes de plumes dans les cheveux. Cheveux qu'on porte plus courts, aux oreilles environ et souvent plaqués par du gel. Même les chaussures doivent être travaillées, chargées.


Les femmes fument, conduisent, font du sport, presqu'à l'égal des hommes en dépit de droits encore inférieurs. Coco Chanel s'érige à la fin des années 20 en référence de la mode et de la haute couture française. Elle choque en popularisant le pantalon et la veste de smoking pour les femmes, tenues incroyablement plus pratiques dans la vie de tous les jours.


C'est avec la Seconde Guerre Mondiale qu'est arrivé le désir de personnaliser ses vêtements. Les matières premières étant rares et rationnées, on faisait "du neuf avec du vieux", donnant naissance à des pièces uniques et totalement personnelles. Les années 40, surtout dans la deuxième moitié de la décennie, c'est l'émancipation de la femme. Le corset est mort et enterré, les premiers soutien-gorge se popularisent, les jupes raccourcissent encore, on ose plus de choses. La mode pin-up que nous apprécions tant aujourd'hui nous arrive tout droit de ces années-là, jusqu'au début des années 60. Très cintrées à la taille, les jupes se font droites ou au contraire très évasées, amples et souples pour le bal.



Crédits photo : Pinterest


On porte les cheveux plus longs, on les boucle, on arbore des coiffures travaillées. On se maquille de plus en plus et bientôt, les femmes luttent pour leurs droits, puisque c'est en 1944 qu'elles obtiennent en France le droit de vote. Bien entendu, le combat ne s'arrête pas là et les femmes continuent dès lors de lutter pour l'égalité des sexes. Rappelons à titre "d'anecdote" que jusque dans les années 60, le compte bancaire des femmes dépendaient soient de leur père soit de leur mari, bref, de l'autorité masculine. Même employée et gagnant son propre salaire, la femme n'étaient pas autorisées à signer des chèques ou à sortir de l'argent de la banque sans l'aval du mari. Un long combat, donc.


C'est en 1962 que la styliste Mary Quant invente et lance la minijupe, aujourd'hui devenue un basique de nos garde-robes. Très vite populaire, la minijupe est largement portée de manière contestataire : les femmes revendiquent l'égalité des sexes. Elle est promue par de nombreuses stars telles que Brigitte Bardot ou Sylvie Vartan. Ce n'est bien entendu qu'un exemple parmi beaucoup d'autres en ce qui concerne l'emploi contestataire du vêtement, mais je pourrais vous parler du mouvement "rappeur" avec ces fringues XXL portés par les jeunes Afro-américains des quartiers défavorisés en guise de provocation contre les Blancs. Ainsi, ils essayèrent de faire passer un message contre le racisme et de mettre en avant la lutte des noirs américains contre leurs conditions de vie.




Du coup, c'est à partir de ces années-là également que le vêtement, ayant perdu sa signification de classe sociale, prend une signification contestataire. Que ce soit dans un combat féministe en libérant la silhouette et le corps féminin que dans d'autres mouvements, le vêtement est désormais un mode d'affirmation de soi.


On notera, par exemple, l'apparition du mouvement hippie dans les années 70, puis punk, puis New Wave et autres ancêtres du gothique dans la fin des années 80. Le grunge naîtra dans les années 90 et j'oserais presque vous parler du mouvement tecktonik des années 2000 si ça n'était pas quelque chose qu'on préférerait tout oublier.


Le jean, importé des Etats-Unis, sera très vite adopté par la société européenne dans les années 50 et sera porté par les femmes pour revendiquer à nouveau l'égalité des sexes, tandis qu'il est davantage un symbole de rébellion, de "rock'n'roll" chez les hommes.


Aujourd'hui, on dit de la mode qu'elle est un éternel recommencement, s'inspirant sans relâche de tout ce qui a déjà existé. Nos "saisons" sont de plus en plus courtes et de plus en plus nombreuses, avec parfois dix collections par an dans les grandes enseignes de prêt-à-porter. Devenue un véritable apparât et une façon d'exprimer son identité, nos vêtements revêtent au moins autant de significations que par le passé, ils transmettent des messages, des informations sur nous, qu'on le veuille ou non. . Et si les styles sont désormais bien moins uniformes depuis les années 50 qu'ils ont pu l'être par le passé, n'oublions pas que l'industrie de la mode est désormais une énorme machine bien huilée, qui à mon sens, perd un peu de son sens à force de vouloir trop créer le marché et la demande...



Crédits photo : Les Spice Girls (Dazed)


Alors, bien sûr, dans la mode moderne, j'aurais pu vous détailler des tonnes de mouvements différents, des tas de styles. J'aurais pu lui parler du rockab' (mais on l'a déjà fait) ou du disco (mais ça parle à tout le monde). J'ai juste jugé cela moins "historique" et suffisamment proche de nous, de nos parents par exemple, pour qu'il n'y ait pas besoin de chercher loin pour trouver des infos.


Evidemment ce n'est qu'un aperçu très survolé de la mode à travers le temps, essentiellement axé sur la femme, notamment la femme des hautes sphères qui dictait à l'époque la mode, . Vous n'aurez plus aucune excuse pour porter des costumes anachroniques dans vos fêtes à thème désormais !



A découvrir dans le numéro 8 de Noire

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