Par Amy
Première parution novembre 2013
Wow, Dolorès a fait un sacré résumé de tout ce qu'il y a a dire sur la question (dans l'article précédent). Le Steampunk, dans la tête des gens, c'est avant tout du visuel, un genre esthétique qui détonne un peu dans le paysage culturel. A Nantes, c'est vrai que c'est quelques chose d'assez familier, qu'on associe notamment facilement dans les diverses animations de la ville (Les Utopiales, les Machines de l'île) alors qu'il ne s'agit plus d'y coller un mot, mais ça peut être un peu plus compliqué dans d'autres villes.
Ce qui est important de savoir, c'est de comprendre que ces gens-là, Jules Verne ou la Compagnie Royal De Luxe, ils ont fait du Steampunk avant même que cela s'appelle comme ça. Il me semble que les gens sur Internet se sont réappropriés ces espèces d'OVNI littéraires, artistiques, cinématographiques pour les étoffer et créer un vrai univers autour. Quelqu'un a, un jour, eu l'idée d'en faire un style vestimentaire et puis, ensuite, la mode et Internet ont fait le reste. La discipline existait avant qu'on ne la baptise et je pense que pas mal d'auteurs ou d'artistes qu'on a rangé dans "Steampunk" l'ont fait sans réelle intention derrière.
Aujourd'hui, la frontière est plus floue, c'est vrai, entre ceux qui se revendiquent du genre et ceux qui s'y retrouvent sans avoir rien demandé. Néanmoins, pour tout ce qui est récent et qui reprend les codes du Steampunk, ils peuvent difficilement plaider non-coupable. La diffusion est désormais telle qu'il est difficile d'y échapper et de prétendre n'y avoir jamais été confronté. L'inspiration est bien là, même si elle n'est pas consciente. Le genre a vraiment colonisé toute une part de l'imaginaire actuel et du coup, c'est ce qui rend la frontière entre ce qui est Steampunk et ce qui n'est pas si floue.
Pour autant, je ne pense pas qu'il faille cracher sur tout ce qui fait du Steampunk "à la mode", sous prétexte qu'on y perd le côté petite communauté intimiste ou le "Do it Yourself". Il faut avoir les bons côtés. Un fan de Steampunk peut désormais trouver des livres, BDs ou films sur cet univers sans avoir à les commander sur d'obscurs sites internet étrangers. Les accessoires ou vêtements d'inspiration Steampunk se trouvent plus facilement, idéal pour les petites bourses ou les handicapés de l'aiguille. Le Steampunk et son univers sont devenus accessibles pour tout le monde. Alors, bien sûr, cela amène à des dérives, mais est-ce une si mauvaise pub finalement ? De toute façon, une fois la vague passée, seuls les vrais passionnés resteront.
Le cas de Kato est à mon avis, plus nuancé. On a de nombreux témoignages comme quoi sa boutique "Steampunk Couture" serait finalement de très mauvaise qualité, alors que d'autres diront le contraire. Kato est une vraie icône du style, elle a créé sa boutique, ses fringues, elle vit clairement Steampunk (regardez la déco chez elle !) et je pense que personne ne peut lui reprocher de ne pas être passionnée et investie là-dedans. Ce que je déplore, c'est qu'elle soit désormais devenue la tête de proue d'un Steampunk commercial et ultra-mainstream allant jusqu'à créer "Steamgirl". Et là, perso, je ne peux plus. Faire du porno Steampunk, ça doit sans doute plaire à certains messieurs vraiment désespérés, d'autant plus que Kato a fait amie-amie avec Katsuni, dont la réputation n'est plus à faire : cependant, l'image que cela renvoie du genre est terrible. Peut-être que l'idée est de réussir, m'enfin j'ai plutôt l'impression qu'il s'agit de faire de l'argent facile à coup de boobies et de jolis déhanchés. Je trouve vraiment triste qu'il faille en arriver là pour appuyer sa célébrité. Ça me choque vraiment, parce que c'est l'image de toute la communauté qui va en pâtir.
Fort heureusement, le Steampunk n'a pas encore jeté son âme au feu et nombreuses sont les autres créatrices de mode. Et puis, le genre ne s'arrête pas qu'aux fringues, alors on peut compter sur les autres arts pour porter le Steampunk, comme la littérature, dont l'importance n'est plus à démontrer ou les arts graphiques (dessin, peinture, sculpture...).
La musique comme l'a montré Dolorès est bien présente aussi, je suis personnellement une grande fan d'Abney Park. Souvent, les groupes s'appuient sur l'esthétisme mais il me semble qu'il y a une réelle recherche sonore pour certains dans l'arrangement, les instruments ou dans l'emploi de certains codes des musiques du XIXème siècle. Je ne sais pas si on peut d'ores et déjà parler de "Steampunk music" en tant que genre à part entière. Cependant il est certain que ça tend à prendre de l'ampleur et de l'assurance de ce côté-là. Qui sait ? Peut-être que nous verrons fleurir un festival de musique Steampunk !
Ma grande interrogation se pose sur le cinéma. Y a-t-il réellement un cinéma Steampunk ? A l'instar de Dolorès, j'en doute fortement parce que tout ce qui a été fait est souvent antérieur à la création du mot. Ou alors beaucoup de films que l'on peut rattacher au Steampunk s'avèrent en fait des adaptations cinématographiques d'oeuvres littéraires (comme tous les films sur l'oeuvre de Jules Verne). Ce que j'aimerais beaucoup voir, c'est si cette mode du Steampunk va finir par heurter le cinéma Hollywoodien. Avons-nous une chance (ou une malchance, ça dépend de votre point de vue) de voir sortir au box-office un film original assurément Steampunk créé dans cette volonté et réussi si possible ? Y aurait-il un public pour ce genre de film ? Est-ce qu'un réalisateur sera assez fou pour se lancer dans une entreprise pareille ? Il y a là une porte grande ouverte sur un potentiel énorme, un truc totalement nouveau qui demande audace et moyens et qui peut s'avérer aussi gratifiant que décevant selon l'accueil du public.
D'une manière générale, il est important de constater que la vraie force, la vraie personnalité du Steampunk est au-delà des apparences et des étiquettes. Elle se trouve davantage dans l'esprit qui règne au sein de la communauté ; mais surtout, je suis intimement persuadée que ce qui fait du Steampunk quelque chose d'aussi fort et unique, c'est l'imagination. Le potentiel créatif est énorme et c'est ça qui attire. Il y a encore tellement à créer dans cet univers, on a tellement d'espace, de possibilités à explorer, à exploiter, tant de choses à construire... Elle est là, l'âme du Steampunk. Dans la création, l'imagination.
A retrouver dans Noire numéro 2
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Tags : #steampunk
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