top of page
Photo du rédacteurNoire Lemag

Quand le metal rencontre d'autres styles

Par Dolorès

Première parution mai 2014




Crédits photo : JaMe World


La passionnée de metal que je suis aime également tout ce qui est hors norme, qui ose, exagère, va jusqu'au bout de ses idées les plus loufoques. Naturellement, je me suis intéressée à toutes sortes de groupes qui prennent pour base le metal et s'en servent pour le décliner de différentes manières (souvent collé à l'étiquette de metal avant-gardiste). Je vous propose, pour ce numéro, de vous présenter quelques groupes actuels, connus ou moins connus qui mêlent le metal et un, ou plusieurs autres genres musicaux, pour créer une musique assez improbable.



BABYMETAL


Commençons dont par le groupe qui mêle les styles les plus opposés ! BABYMETAL nous vient du Japon. Qui dit Japon dit Jpop, c'est à cela qu'on a affaire avec le trio qui nous propose donc un Kawaii Metal. Deux petites de 14 ans et une de 16 qui prend le rôle de chanteuse principale, dans des chorégraphies typiquement japonaises... 2013 a été leur année de succès puisqu'elles ont sorti leur premier album, qui compilait tous les tubes sortis auparavant en single ou en EP, avec seulement trois nouvelles compositions.


Et quel album ! BABYMETAL, c'est quand même une bonne part de Jpop niaise. Et pourtant, ce que le groupe nous propose c'est un enchaînement de titres qui mettent forcément de bonne humeur, qui restent en tête. Les musiciens préparent une base souvent assez extrême, assez étonnante à la première écoute car des groupes avec une chanteuse qui ne growle pas, on en a des tas, mais qui proposent des compositions comme celles-ci c'est assez rare. Des titres comme Megitsune semblent presque sérieux, assez violents dans l'idée première, alors que d'autres sont complètement dans leur rôle de Jpop métallisante (Doki Doki Morning). Ce qui est également plaisant, c'est que les compositions se permettent vraiment tout, en sachant très bien que ça risque d'écorcher les oreilles d'une Lolita japonaise et que de faire hurler la communauté metal puriste. Alors, tant qu'on y est autant rajouter des passages dubstep (Uki Uki Midnight), des clichés ridicules (Headbangeeeeerrrrr) et autres fantaisies.




HAIL SPIRIT NOIR


Groupe bien plus sérieux maintenant, il s'agit des grecs de HAIL SPIRIT NOIR, qui depuis deux albums déjà, ont créé leur propre son qui mêle black metal et influences rock progressif/psychédélique.


Leur album Pneuma avait lancé la première bombe mais c'est Oi Magoi qui m'a davantage impressionnée, véritable coup de cœur de ce début d'année 2014. On plonge dans une folie des plus improbables, où des hurlements viennent alterner avec un chant clair entièrement maîtrisé, sur des compositions complètement tarées. On mêle constamment les riffs rock plutôt incisifs avec des atmosphères toujours sombres, enfumées, violentes ou plutôt du genre trip sous acide.


HAIL SPIRIT NOIR fonctionne entièrement sur le contraste black metal moderne et influences 70's, les faisant s'enlacer ou s'éloigner, n'étant jamais tout à fait l'un, tout à fait l'autre. La maîtrise se fait ici dans la réappropriation des deux styles pour proposer une musique originale, et qui redonne un beau souffle aux sorties récentes de black ou affiliés.




CARNIVAL IN COAL


Ceux-ci nous viennent d'Amiens, avec comme tête pensante Arno Strobl qui participe aujourd'hui à d'autres projets tels que 6:33 & ARNO STROBL, ou WE ALL DIE (LAUGHING). Formés en 1997, ils stoppent leur activité dix ans plus tard, laissant quatre albums derrière eux. C'est seulement cette année (pour les 15 ans de leur album VivaLaVida) qu'Arno relance le projet en live, faisant notamment profiter de sa présente au Motocultor en août prochain ! Une bonne nouvelle qui leur vaut ces quelques phrases en ces pages.


Leur musique se constitue d'une base metal assez extrême (assez peu étiquetable, on a des influences death, grind, black), mise au service de compositions complètement délirantes. On retrouve alors du kitsch, beaucoup de kitsch, dans des passages complètement barrés, des instants musique d'ascenseur, du disco, du fun, un peu d'électro, des percussions ou des intrusions de samples... CARNIVAL IN COAL est le genre de groupe qui ose tout, ne se refuse rien, repoussant toujours les limites.


Même si l'album Collection Prestige reste pour moi le meilleur de la discographie, French Cancan reste un bon recueil de reprises déjantées. Si cela devient habituel de voir des groupes de metal reprendre de manière plus violente des morceaux de pop ou classiques (c'est le cas ici de l'incroyable reprise de Maniac du film Flashdance), CARNIVAL IN COAL propose aussi de rendre accessible des morceaux de MORBID ANGEL ou PANTERA... Avec toujours une bonne dose d'humour, sans jamais trop se prendre au sérieux.




AKPHAEZYA


Dans le genre groupes qui mélangent tout et n'importe quoi, j'aurais pu vous citer des groupes connus et moins connus : UNEXPECT, DIABLO SWING, ORCHESTRA, ou nos français de PIN-UP WENT DOWN. Mais je préfère mettre l'accent aujourd'hui sur AKPHAEZYA, dont le premier album reste pour moi indémodable et toujours aussi incroyable après des années d'écoute.


Malheureusement, j'ai énormément de mal à apprécier leur second opus, dont je ne parlerai pas. Néanmoins, Anthology II : Links From The Dead Trinity sorti en 2008 est une véritable petite merveille de metal barré, à placer bien haut dans les albums français les moins convenus. Le quatuor qui nous vient d'Orléans prend toutes les influences qui lui passent par la tête, les passe au mixeur, secoue bien et nous offre ça sur un plateau d'argent, le sourire aux lèvres. Un peu de jazz, un peu de reggae, de growl, de musique orientale, de pop et de musique de film d'horreur et je n'en suis qu'à la moitié des ingrédients... Sans oublier de replacer un petit contexte metal de temps en temps.


L'avantage est que le tout est finalement tellement homogène qu'on se demande ce que ça cache, ce qu'il s'est passé, si ça relève du genie ou si c'est du pur hasard. Ou encore si c'est nous qui avons des goûts musicaux tellement étrange qu'on en est arrivés à se passer de ce type d'album en boucle. Si encore on ne pouvait parler que des compositions, de leur caractère élaboré et plaisant...


La voix de Nehl Aëlin participe grandement au charme de l'album. Quelle maîtrise, quel timbre et cette facilité de passer d'un point à un autre à l'opposé total, à pouvoir chanter de tous les registres sans difficulté.


Il est rare de voir quelque chose de si abouti et si peu maladroit pour le premier jet du groupe. Du coup, on va appeler ça la chance du débutant, vu que le deuxième album ne correspond en rien à l'image qui ressortait de son prédécesseur et qui, personnellement, m'avait fait m’intéresser à ce groupe.






A lire dans Noire numéro 4

Cliquez sur l'image pour le découvrir




留言


bottom of page