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Pierre Soulages, le peintre en noir

Par Amy


Pierre Soulages est un artiste contemporain que l'on pourrait classer dans la catégorie de l'art abstrait. Né un 24 décembre, à Rodez en 1919, il commence à peindre très jeune, attiré par les arts et inspiré par la préhistoire.



Il entre aux Beaux-Arts de Paris à 18 ans dans le but de devenir professeur de dessin. Finalement, il y considère que l'enseignement est trop cloisonné et de qualité médiocre. Il retourne dans sa ville natale, non sans faire un crochet par le Louvre où les expositions de Cézanne et Picasso sont une révélation pour lui.


Il fait la guerre de 1940 à 1941 mais il est démobilisé et rentre sur Montpellier. Commence pour lui une longue période de clandestinité pendant laquelle il ne peint plus. En 1946, il s'installe dans la région parisienne, reprend la peinture et se lance dans l'art abstrait où le noir domine sur ses toiles. Il se fait remarquer car son travail contraste avec la mode ultra colorée et figurative de l'après-guerre. Il commence à exposer en 1948, notamment en Europe et plus particulièrement sur Paris. Il s'exporte outre-atlantique après 1950 et réalise de nombreuses expositions qui participeront à construire sa renommée. Il crée également des décors de théâtre, de danse et les vitraux de l'abbaye de Conques.




Pierre Soulages est toujours en vie actuellement et de nombreuses rétrospectives de ses oeuvres ont vu le jour au cours des décennies, à la fois dans des musées et des revues d'art.


J'ai eu la chance d'assister à la rétrospective Pierre Soulages au Centre Pompidou en 2009. Ce qui m'a frappée, c'est l'évolution nette qu'on distingue dans les peintures de Soulages. Au début, le noir se couple aux couleurs, comme le jaune, le bleu, le rouge, surtout des couleurs primaires. J'aime beaucoup ces tableaux-là, qui suggèrent beaucoup de choses dans les formes, les contrastes et les coups de pinceau.


Plus tard, il se concentrera davantage sur le blanc et le noir, jouant avec les contrastes et les formats. Finalement, il optera pour des tableaux presque entièrement noirs, qui jouent sur les lumières, les textures, les formats.


J'ai beaucoup aimé cette exposition, la mise en place était vraiment bien réalisée, avec une mise en scène spectaculaire, qui révelait chaque détail des tableaux. L'épaisseur de noir sur les tableaux est assez impressionnante. Ce qui m'a frappée dans cette exposition, c'était la brutalité qui se dégageait des tableaux, des éraflures dans la masse comme des balafres, des cicatrices, des blessures.


Cette façon qu'il a de meurtrir la peinture, de l'érafler, pour la faire pleurer. Je me souviens de certains tableaux, tout en dualité, jouant sur le noir et le blanc, sur le sombre et la lumière. Je me souviens d'un, en particulier, qui était l'illustration parfaite de mon amitié avec une fille qui est à présent ma meilleure amie : le tableau était à moitié noir et à moitié blanc, la lumière contre l'obscurié et cela nous faisait penser à nous. Il y en avait un autre, qui m'a presque fait pleurer où trois énormes cicatrices balafraient la peinture, comme de vieilles meurtrissures. C'était puissant, violent, bouleversant.


Certains tableaux faisaient plusieurs mètres de long, ils étaient époustouflants, percutants. Je garde un souvenir très clair. Il est impressionnant de constater à quel point ces oeuvres monochromes parviennent à toucher le public. Pierre Soulages est vieux à présent mais il continue de peindre et j'attends impatiemment sa prochaine exposition.


Crédits photos : Sortir à Paris, Musée Soulages de Rodez, Sudissimo


A retrouver dans Noire numéro 1

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