Par Anaïs
Première publication en juin 2015
Crédits photo : culture déconfiture
Mad Max : Fury Road est sorti le mois dernier (note de la bloggueuse : cf la date de parution), exactement 30 ans après Mad Max : Beyond Thunderdome, le troisième épisode de la saga devenu culte. Vous en avez sans doute entendu parler car l'arrivée de cet opus était très attendue. Mais, il y avait aussi une certaine crainte pour les fans. Même si Georges Miller, qui a réalisé tous les précédents Mad Max est toujours aux commandes, le seul fait que Mel Gibson ne soit plus dans la partie en faisait flipper plus d'un.
En définitive, Fury Road a vaincu. Et même les non-initiés. Pour ceux qui ont vécu leur première expérience madmadesque, même si la plupart ont adoré, beaucoup n'ont apparemment pas compris toute l'histoire (la seule remarque négative que j'ai pu entendre en sortant de la salle de cinéma). D'un côté, ça se comprend, arriver au quatrième épisode sans avoir vu les trois précédents, ça peut poser quelques problèmes. C'est donc l'occasion parfaite pour refaire les présentations et comme ça vous serez au point pour The Wasteland qui sortira en 2017 (note de la bloggueuse : ce film n'est finalement pas sorti en 2017 et selon Allociné, il ne sortira peut-être qu'en 2023, en ce centrant sur le personnage de Furiosa).
Le premier Mad Max est un film assez spécial, il faut l'admettre. Sorti en 1979, il est vu comme un western d'un nouveau genre, avec un univers post-apocalyptique. On ne sait pas vraiment où on est, ni quand. Tout ce qu'on sait, c'est qu'un énorme choc pétrolier a provoqué une pénurie d'essence, très convoitée par des genres de gangs de la route, ici la bande de motards des "Aigles de la route" dirigée par Toecutter. Des flics de la route, les Interceptors, tentent tout de même de maintenir un semblant d'ordre, ce qui se traduit par des courses-poursuites de 20 minutes. Et parmi eux, il y a Max, joué par Mel Gibson, un des meilleurs Interceptors. Suite à des évènements que je ne vous spoilerai pas, se profile une histoire de double vengeance entre Max, Toecutter et ses potes.
En fait, cet épisode se montre surtout comme une introduction. On y présente le personnage principal, Max (qui est d'ailleurs le seul personnage récurrent de la saga), un mec qui en impose et qui va bientôt connaître un destin tragique, l'atmosphère post-apocalyptique très violente et déjantée voire carrément burlesque qu'on retrouve dans certaines situations, mises en scène et surtout dans les personnages. Parce que finalement, le seul mec qui semble net d'esprit est Max. Ce premier opus peut paraître un peu long, sans but et assez conventionnel, mais Miller a quand même su en faire un film à part, notamment grâce à son esthétique très "policier des Village People" et le fait qu'il soit sans concessions. Mad Max pose les bases pour véritablement prendre forme dans les films suivants.
C'est en 1982 qu'arrive Mad Max 2 : The Road Warrior, là où le post-apocalyptique se révèle vraiment. Il n'y a plus de société, la guerre du pétrole fait rage et il n'y a plus du tout de repères. Max se retrouve dans une petite communauté qui s'est créée autour d'une raffinerie. Il conclut un marché avec eux : s'il les aide à fuir face à la bande d'Humungus (un genre de Conan Le Barbare sm), il pourra repartir avec de l'essence. On retrouve le même schéma à base de courses-poursuites, de gros méchants tarés, de vengeance et de problèmes techniques, mais l'univers est renforcé. L'ambiance est encore plus poussièreuse, il n'y a même plus de ville, seulement cette raffinerie protégée avec les moyens du bord ; les personnages sont encore plus fous, comme Wez, le second d'Humundus, qui est en fait un gros gamin, en parallèle du Furial Kid qui est un enfant par son âge, mais qui se comporte comme un animal par instinct de survie.
Max prend réellement son rôle d'anti-héros, un homme solitaire avec sa veste en cuir iconique et sa Ford qui l'est tout autant, qui cherche juste à survivre. Il aide parce que c'est la seule solution pour avancer. Il n'y a pas de sentiments et franchement, ça fait plaisir. Pas de romance niaise qui ne serve à rien dans l'avancement de l'histoire, pas de différences entre les personnages, que ce soit une femme, un enfant ou un homme, tout le monde est sur le même plan avec pour unique but de s'en sortir. Il n'y a pas de surplus et ça se voit aussi par les dialogues et la musique que je n'ai pas abordé pour le premier, mais qui est aussi présente et qui est un des grands points de la saga.
Dans Mad Max, on parle seulement lorsqu'il y a quelque chose à dire ou quand c'est nécessaire et ça démultiplie le fait que les personnages soient ensemble par besoin et non par envie. Cela rend l'atmosphère encore plus puissante, puisque l'absence de dialogues est compensée par la musique qui est quasiment constante du début à la fin. The Road Warrior, c'est l'apogée de la création de Miller et c'est sur ce même modèle que ce font les épisodes suivants.
Trois ans plus tard, on remet ça avec Mad Max : Beyond Thunderdome. Max se retrouve dans Bartertown, une ville qui est basée sur le troc et qui semble retrouver un début de société, à la recherche du mec qui a volé sa voiture. Il y rencontre Entity qui règne sur la ville et qui est jouée par Tina Turner. Elle lui demande de tuer les rois du Monde Souterrain, Blaster / Master. Pour certaines raisons, Mad Max ne remplit qu'une partie du contrat, il est donc jeté dans le désert où il se lie à un groupe d'enfants pour se venger d'Entity.
Il va encore plus loin dans le chaos et le post apocalyptique alors qu'on se retrouve dans une ville plus ou moins civilisée, avec des règles et une hiérarchie. On tente de construire quelque chose de stable. Bon, honnêtement, même si l'esthétique du film est plus poussée que les deux précédents, le reste pêche un peu. Le début est très bien, ça bouge, il y a du rythme, mais dans la seconde partie du film, ça retombe pas mal. D'un côté, passer de courses-poursuites à moto/voiture/camion, à un mec à pied, ça n'aide pas.
Et surtout, les personnages paraissent moins forts. A commencer par Entity, qui malgré son look cyber-punk médiéval, est beaucoup plus faible niveau charisme et folie que les précédents "méchants". De même pour Blaster / Master et les enfants, on voit très bien que cette nouvelle société ne tient qu'à un fil avec le dôme, une sorte d'arène où tout est permis.
Beyond Thunderdome se montre quand même dans la continuité et est complémentaire au deuxième Mad Max. Et il est indispensable pour mieux comprendre les clins d’œil du petit dernier qu'est Fury Road.
Sorti le mois dernier (note de la bloggueuse : article sorti en juin 2015, je le rappelle), on découvre un tout nouveau Max joué par Tom Hardy, capturé par les War Boys d'Immortan Joe, le chef de la Citadelle. Il possède de grandes réserves d'eau, ce qui permet d'asseoir son pouvoir et de constituer une armée avec à sa tête l'imperator Furiosa qui n'est autre que Charlize Theron. Mais, Furiosa le trahit pour sauver les épouses d'Immortan, de jolies jeunes femmes avec qui il fait des enfants plus ou moins "réussis". Parce que dans cette société, la plupart des personnes sont malades, déformées, amputées... Un peu comme l'impact des catastrophes des précédents films. S'en suit une course-poursuite pour retrouver ses femmes, accompagnés de deux autres "gangs", tous aussi tarés.
Contrairement à ce qu'on pourrait penser, Max n'est pas vraiment au centre de l'histoire. Il ne l'a jamais réellement été, mais là c'est encore plus flagrant. C'est surtout le film de Furiosa, ce qui met d'ailleurs une forme de féminisme en avant, un aspect très présent. On découvre aussi des choses sur la population, sur le système de cette société avec notamment le fonctionnement des War Boys et leur rapport à la mort. Et ça, rien qu'avec les images et le comportement des personnages. Si The Warrior Road avait doublé d'intensité sur les plans, Fury Road l'a quadruplé. 99% du film est de l'action pure super violente et totalement déjantée. A chaque scène, il se passe quelque chose, ce qui compense un peu avec Beyond Thunderdome, Fury Road se pose comme une suite logique.
Ajoutez à ça les nouvelles technologies qui servent merveilleusement bien l'esthétique de George Miller et ça donne un film génial, cohérent et qui en fout plein la tête. On voit que Miller a mis les moyens à la hauteur de son imagination et le résultat est magnifique.
Maintenant, reste plus qu'à attendre le prochain qui ne manquera sûrement pas de nous botter les fesses encore une fois.
A découvrir dans le numéro 8 de Noire
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