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Photo du rédacteurNoire Lemag

Misery Artwork

Par Cécile


Première parution en novembre 2013



Avec le modèle : Sarah Fortune


Depuis l'achat de son reflex en 2009, Misery ne cesse de "shooter". Son art a beaucoup évolué et aujourd'hui elle nous offre des tableaux enchanteurs sortis tout droit de son imagination. Mais qui es-tu vraiment, Misery ?


Cécile : Quand as-tu commencé à faire de la photo ? As-tu fait une formation en la matière ? Qu'est-ce qui t'as attirée vers ce domaine ?


Misery : J'ai commencé à faire de la photo en 2007, dans le seul but de m'amuser, avec ma meilleure amie et un bridge nous suffisait largement. C'est mon déclic, même s'il n'est pas très original. Cependant, je considère avoir vraiment commencé la photo quand j'ai acquis mon reflex en 2009. Je n'ai pas fait de formation, j'ai eu un bac L avant de partir en Lettres Modernes. Rien à voir avec le monde de l'image ! Il m'a fallu du temps pour apprivoiser mon appareil et j'ai commis pas mal d'erreurs qui m'ont été profitables, me permettant d'évoluer. Je n'ai jamais été très sensible aux photographies d'animaux ou de paysages, mon interêt a toujours été en faveur de l'être humain. Ce qui me plaît le plus, au final, c'est que la personne photographiée se trouve belle, s'accepte mieux, prenne confiance devant le résultat. C'est mon leitmotiv.


Cécile : Quel est ton regard actuel sur tes débuts en tant que photographe ? Que penses-tu de tes premiers shoots désormais ?


Misery : Je fais partie de la tribu des éternels insatisfaits. Actuellement, j'ai du mal à aimer mes photographies sur une période supérieure à un mois. Lorsque je les réalise, j'en suis heureuse et petit à petit, je me rends compte de leurs défauts, de ce que j'aurais pu mieux faire.... Alors évidemment, quand je revois mes débuts, je reste à la fois ébahie du chemin parcouru, mais aussi effarée devant les erreurs que j'ai pu commettre. Je me rappelle avoir été très fière de photographies que je vois aujourd'hui comme complètement floues ou de guingois. Mais je les aime quand même, parce que sans elles, sans les erreurs et sans les essais, je n'aurais pas évolué.



Avec le modèle Katy L Cosplay


Cécile : Comment se passe l'un de tes shootings ? Imposes-tu les costumes ou travailles-tu en fonction de tes modèles ?


Misery : En réalité, je ne travaille pas de la même manière avec les gens, tout dépend du degré d'implication de la personne avec laquelle je travaille et surtout de son état d'esprit. Dans le cas d'une commande, je me plie naturellement aux exigences des personnes qui requièrent mes services pour que le shooting leur plaise à eux en priorité et souvent les gens qui viennent à moi n'ont aucune idée de ce qu'ils veulent. Au final, mon travail est de les guider vers une esthétique qui leur convienne.

Lors des collaborations, le modèle (qui n'en est pas à sa première expérience de la photo et qui est donc plus exigeant) et moi définissons ensemble la thématique, les vêtements et le lieu de manière à ce que tout ait de la cohérence (ou au contraire un décalage) et dans le cas de mes projets personnels, je me change en tyran (Rires) ! C'est le moment où je régente tout, depuis les vêtements jusqu'à la coiffure, ce qui peut se réveler difficile lorsque l'on ne sait ni coudre, ni coiffer...


Cécile : Un de tes projets personnels "you are beautiful" essaie de montrer la beauté de certaines modèles, qui ne se sentent pas en confiance avec leurs corps. Comment s'est passé le contact avec ces personnes ? Est-ce que le shooting leur a permis de se voir d'un autre œil ?


Misery : "You are beautiful" ne met pas en scène des modèles : on donne à ce mot une signification générique mais ce que l'on devrait réellement qualifier de modèle doit posséder de l'expérience, une conscience aiguë de son corps et de ses expressions afin de déterminer ce qui le met en valeur ou non, sans attendre de directive du photographe. En ce sens, les personnes qui ont posé pour "You are beautiful" ne sont pas des modèles : pour la plupart, il s'agissait d'une grande première devant un appareil photo.


Ce projet a commencé parce qu'au fil du temps, j'ai rencontré des filles magnifiques qui à mon sens avaient tout pour plaire, et qui m'ont raconté les harcèlements, les insultes et les affronts qu'elles ont subi. Quand elles parlaient de leur corps, de leur visage, les expressions "trop" et "pas assez" revenaient en boucle.


Du coup, je me suis dit qu'il était temps, non pas de leur ouvrir les yeux, parce que ça c'est une chose qui ne peut venir que de chacun d'entre nous, mais au moins de faire passer le message contraire à celui qu'on nous rabâche. Peut-être qu'en confrontant les images des jeunes femmes qu'elles ont d'elle-mêmes, ce projet permettrait à d'autres personnes de relativiser, de décomplexer. Alors, j'ai décidé de poster une annonce, ouverte à toutes, pour monter mon projet. Toutes les filles qui se sont proposées ont reçu un message d'information sur la thématique du projet, le lieu et les détails. Certaines n'ont pas donné suite à cause de la date, d'autres ont été très enthousiastes... mais je n'ai jamais refusé qui que ce soit.


Bref ce projet, c'est vous, c'est moi, c'est chaque fille qui s'est sentie un jour complexée. J'ai parlé avec quelques participantes après qu'elles aient vu leurs photos, je suis heureuse d'avoir pu aider quelques-unes d'entre elles, mais je ne peux pas faire plus : se sentir en harmonie, c'est une démarche tellement personnelle...



Avec le modèle : Kim Cassorla


Cécile : Tu as aussi un projet ayant pour thème "Alter Ego", qui transforme des hommes en drag queens à l'aide de maquillage et d'un peu de mise en scène. Quelle a été la réaction de tes modèles en se découvrant après le maquillage ?


Misery : J'éprouve une véritable fascination pour l'univers des drag queens. Je les trouve incroyables, fières et sûres d'elles que je les prends pour exemple en tant que femme et que si j'avais été un homme, j'aurais été une drag queen. Pour moi, il n'y a rien de honteux ou de glauque dans cet univers et je déplore que les gens, en particulier les hommes, y soient si fermés.


Il y a là une esthétique particulière mais surtout un maniement du maquillage impressionnant, que je considère comme un art à part entière. J'ai ouvert ce projet avec mon ami Tomi Perry, qui s'est chargé de la partie maquillage et au final, on a arrêté la série au bout de quatre participants. Aucun d'eux n'était coutumier de cet univers, c'était assez amusant de voir certains d'entre eux sortir de leur carcan et préjugés pour sortir de leur expérience et leurs réactions étaient plus ou moins les mêmes : face à la glace, difficile de se reconnaître, on redécouvre son visage, on se trouverait même belle. Malgré tout, le manque de sérieux de deux participants ont mis fin au projet. Il est difficile de faire une série dont le but est de créer une compréhension et une acceptation quand les personnes qui participent véhiculent par leur attitude le message inverse...


Cécile : Comment choisis-tu les lieux de tes shootings ?


Misery : Les décors sont assez importants pour moi, je ne pourrais pas faire sans tellement ils offrent d'opportunités d'interactions avec les modèles. Je respecte les photographes studio, mais les fonds ont plus tendance à me brider qu'à m'inspirer. A cause de cette préférence, j'en suis quitte pour de l'exploration urbaine au quotidien. J'ai l'oeil qui traîne partout ; je dégote des coins en allant faire mes courses, en passant en tramway, grâce à des amis qui connaissent la ville... Lorsque je me déplace dans une ville que je ne connais pas du tout, j'ai tendance à laisser le modèle choisir le lieu à ma place, mais je passe quelques heures sur les sites de l'office de tourisme, je traîne sur les forums...


On est dans l'ère de la communication et du renseignement où tout est accessible en un clic, autant le mettre à profit ! Une fois ces décors en mémoire, lorsqu'on me demande une séance photo je n'ai qu'à passer en revue ces différents lieux pour essayer de définir lequel servirait au mieux le thème de cette séance.



La couverture de notre numéro 11 spécial Japon réalisée par Misery


Cécile : As-tu beaucoup recours aux logiciels de retouche ?


Misery : Personnellement, j'aime la retouche, je ne m'en cache pas. Je l'utilise afin de donner à mes photos l'atmosphère que je souhaite. Cependant, j'aime la retouche modérée, celle qui est présente, pas handicapante. Je crois sincèrement que les gens qui travaillent avec moi aiment "cette marque de fabrique" et qu'il s'agit d'une force dans mon univers visuel, un atout non négligeable à ajouter à mon travail photo. Il ne s'agit pas non plus de ma seule force mais elle me donne une touche unique, qui, au final, est ma "patte" photographique, au même titre que ma manière de cadrer. Je suis consciente qu'elle ne fait pas l'unaminité, mais on ne peut pas plaire à tout le monde ! Les gens qui en parlent comme d'une chose négative ont leurs raisons mais je considère qu'elle aide à donner un rendu esthétique et harmonieux.


Cécile : Quels sont tes futurs projets ?


Misery : J'ai un projet de calendrier sur le feu. Ce sera ma première expérience dans ce domaine et si c'est concluant, je pense reconduire ça quelques années, mais je préfère ne pas trop m'avancer. Dans l'année qui vient, j'ai l'intention de mener un bien une série sur les droits des zombies et de me pencher sur le monde fascinant de la mythologie. Ce sont des projets que j'ai en tête depuis trois ans maintenant, mais je n'ai jamais eu le temps de m'y pencher.





A retrouver dans Noire numéro 2

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