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Photo du rédacteurNoire Lemag

Les vampires au cinéma

Paru en 2013, dans le numéro 1


Par Amy




Les films de vampires ont toujours rencontré beaucoup de succès auprès du public, quelle que soit l'époque. Peut-être est-ce dû à la fascination qu'exerce le vampire sur le spectateur, une fascination certes un peu morbide mais directement liée à l'immortalité, à la quête de jeunesse éternelle, sans oublier la beauté impérissable du mythe. Le vampire, créature de légende, a d'abord connu son succès dans la littérature, avant d'être adapté au cinéma dans les années 30. C'est là l'origine de ses tous premiers succès. On adaptait alors les romans d'épouvante à succès, comme Dracula, au cinéma. Rappelons que Dracula avec Bela Lugosi fut un incroyable succès, en partie grâce à l'interprétation de l'auteur. Notons qu'il y eut auparavant une autre adaptation du roman de Bram Stocker, Nosferatu, où le réalisateur Friedrich Murnau n'ayant pas obtenu les droits pour obtenir le nom fut contraint de créer un nouveau personnage. A la fin des années 50, on notera la sortie d'un nouveau film tiré de Dracula, Le cauchemar de Dracula de Terence Fisher, où un jeune homme se rend chez le comte et se fait mordre par une femme vampire, ce qui change de l'oeuvre originelle.



Cette mode des adaptations cinématographiques d'oeuvres littéraires se poursuit environ jusque dans les années 50, où la mode céda peu à peu la place à fictions novatrices et inconnues, autour de vampires souvent aristocratiques. On remarque ainsi le célèbre Bal des vampires de Roman Polanski qui est le premier film à mettre en scène plusieurs vampires dans un même lieu et où on retrouve la notion de clan vampire et de ses traditions ainsi que la classique histoire d'amour.


La Roumanie est le lieu-clé de ces films, avec la mythique Transylvanie et les châteaux des Carpates, siège de toutes les légendes. Cela ne tranche pas encore avec les films des décennies précédentes. Dans les années 80 à 90, Hollywood prend de l'assurance et n'hésite plus à délocaliser l'intrigue vers les USA, comme dans le film Aux frontières de l'aube de Kathryn Bigelow (1988) qui se déroule dans l'état de l'Oklahoma. Dracula revient sur le devant de la scène avec le chef d'oeuvre de Francis Ford Coppola qui s'inscrit alors dans une veine plus moderne, plus sanglante et qui relance aussi les films de genre. Arrive alors le film Entretien avec un vampire, adapté du roman d'Ann Rice. Résolument moderne et porté par des acteurs charismatiques et sexy, ce film est un carton, qui mêle habilement le moderne à l'ancien, l'Europe et le nouveau monde américain.



Il se situe à la frontière des fictions fantaisistes qui naîtront sur les vampires et des films plus traditionnels où le vampire est aristocratique, isolé dans son château lugubre au fin fond des montagnes roumaines. Ici, le vampire se mêle à la vie mondaine, à l'activité humaine, quand bien même ceux-ci constituent son régime alimentaire. Enfin arrive le XXIème siècle, les années 2000 qui modernisent résolument le mythe des vampires. Ceux-ci deviennent des guerriers qui se battent pour préserver leur race, on retrouve alors la notion de clans vampiriques. Ces films, à l'instar de Blade ou d'Underworld n'hésitent pas à mettre en scène d'autres créatures de la nuit, comme les loup-garous. Le mâle est puissant, souvent sexy et vêtu de cuir, la femme incarne généralement un fantasme masculin, elle est belle et sauvage. Ces vampires sont ancrés dans le quotidien et utilisent la technologie, etc...



Mais bien vite, le genre s'épuise, tout comme l'audimat, les derniers volets de Blade ou d'Underworld ne sont pas de grandes réussites. On se tourne alors vers un vampire plus romantique, qui perd alors sa dimension violente et guerrière. Le vampire est réadapté : plus sensuel, il est destiné à plaire à un public plus jeune. Le succès de Twilight est l'exemple parfait de ce nouveau vampire, qui ne se nourrit même plus de sang humain, puisqu'il devient "végétarien" et ne tue que des animaux sauvages. On prend des distances avec les mythes vampiriques originels (et cela se traduit également dans la littérature qui s'avère au moins aussi fantaisiste). On se concentre davantage sur l'histoire d'amour ou sur l'intégration sociale du vampire, plutôt que sur des légendes.




Cependant, les caractéristiques des vampires des années 2000 restent quand même : souvent des clans de vampires sont organisés et se battent contre un ennemi commun ou un symbole d'adversité, comme un clan ennemi ou encore une fois les loup-garous. Néanmoins, quelques réalisateurs s'autorisent quelques libertés, comme Tomas Alfredson qui, dans son film Morse, choisit de mettre en scène des enfants.


La récente vague de réadaptations historiques (Anna Karenina, Les trois mousquetaires...) a de nouveau ouvert la porte aux films de vampires plus ancrés dans les légendes et dans l'ancien temps européen, puisqu'est sorti récemment, en 2010, un film sur la comtesse Bathory. Pour mémoire, celle-ci fut classée comme vampire car elle aurait exercé la sorcellerie en quête de jeunesse éternelle. Elle aurait alors sacrifié des dizaines, voire des centaines de jeunes vierges de sa région, afin de préserver sa jeunesse et sa beauté. On raconte également qu'elle buvait leur sang, persuadée que c'était l'équivalent d'un elixir de jouvence. Néanmoins, il s'agit davantage d'une légende urbaine que d'un réel vampire.



Les films de vampires ont ainsi connu une lente et significative évolution passant de la légende romantique et des films d'épouvante aux films d'action pour revenir récemment sur des histoires grand public, mais relativement axées vers un public féminin en manque d'amour.


Cependant, quelques cas isolés laissent à penser que le genre n'est pas encore épuisé et est amené à se renouveler dans les années à venir, peut-être même renouer avec l'horreur.


A retrouver dans Noire numéro 1

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