Par Amy
Première parution août 2014
Pourquoi on aime tant ces types en combi moulante ?
D'aussi loin que je m'en souvienne, j'ai toujours aimé les super-héros. Je suis de la génération Harry Potter, la génération élevée avec ces gens aux pouvoirs irréels et aux destins incroyables. Je suis de la génération Pokémon, la génération des quêtes initiatiques et de la fantasy grand public. Je suis la gamine qui regardait X-Men Evolution à la télé quand elle tombait dessus et qui s'imaginait quels pourraient bien être ses pouvoirs si jamais, elle aussi, elle devenait une mutante.
Petite, ma mère m'a montré les films Superman, les anciens, ceux avec Christopher Reeve dont les effets spéciaux grossiers n'ont jamais pu altérer la magie. Superman, c'est le super-héros par excellence, bien qu'aujourd'hui on ne le cite plus que pour se moquer de son fameux slip rouge par-dessus son collant en lycra bleu.
Il est fort, grand et beau, il a des super pouvoirs vachement cools, il sauve le monde et en plus, il est pas trop idiot. Sa copine, celle d'origine, est jolie et maligne. De l'autre côté, c'est qu'on a beau nous le vendre comme un alien, il n'en reste pas moins indubitablement humain, avec ses forces et ses faiblesses, et c'est, je pense, ce qui fait que nous aimons tant les super-héros.
Ce sont pour la plupart, des gens qui accomplissent des choses extraordinaires tout en étant incroyablement humains. Ils tombent amoureux, ils font des erreurs, ils sont parfois tristes ou apeurés, impuissants ou torturés. Le cas Superman est encore plus subtil de par sa nature extraterrestre : d'une certaine façon, cela oblige à nous interroger sur ce qu'est vraiment la notion d'humanité. Car cet homme à la force surhumaine fait preuve de toutes ces valeurs humanistes que nous défendons : honneur, respect, courage, compassion et j'en passe.
Crédits photo : Radio Canada
X-Men pose cette même question de remise en cause du statut d'humains, d'une certaine façon. L'est-on moins en raison de certaines capacités, de certaines différences ? Ces différences doivent-elles d'être "guéries", comme on le voit dans le troisième film ou doivent-elles être au contraire être cultivées, utilisées pour évoluer ? Il y a une forme d'allégorie du racisme dans la façon dont les mutants se débattent contre les propriétés d'une société qui les rejette et les pourchasse.
N'oublions pas que ce ne sont pas des suppositions dans le vide puisque les premiers super-héros sont apparus en Amérique dans les années 40, dans un contexte de guerre mondiale d'un côté et de ségrégation raciale de l'autre. J'en veux pour preuve la création de Captain America, véritable héros anti-nazis plongé au cœur du conflit européen contre le IIIème Reich.
Les super-héros ne datent donc pas d'hier. Pourtant, c'est l'industrie cinématographique qui les a remis sur les feux de la rampe, avec la sortie de films comme Spiderman en 2002, X-Men en 2000 et ce reboot un peu raté de Superman, Superman Returns en 2006.
Encore une fois, ce sont des films qui ont bercé mon enfance et celle de ma génération. Qui n'a pas assisté aux combats épiques des X-Men, aux envolées de Spiderman ? Combien sommes-nous à ne pas les connaître ? Nous avons grandi avec des héros venus d'une autre époque, inventés avant même la naissance de nos parents.
Plus récemment, on aura assisté à l'envolée exceptionnelle de MARVEL, avec la série de films sur les Avengers : Iron Man, Captain America, Hulk, T H O R, et bien entendu, The Avengers lui-même. Surfant sur ce succès, Sony a relancé la production d'un reboot de Spiderman, The Amazing Spiderman, qui connaît à son tour un succès fulgurant. X-Men à son tour revient sur le devant de la scène, alors que du côté de DC Comics, on termine la trilogie Batman : The Dark Knight de Christopher Nolan pour la croiser avec le nouveau Superman : Man of Steel (film à paraître en 2016 Batman Vs Superman).
Mais pourquoi ce soudain regain d'interêt pour les films de super-héros ? Pour ces films ? Qu'est-ce qui fait que des filles comme moi, une parmi des millieurs d'autres, se soient autant attachées à ces personnages pourtant destinés de base à un public plus masculin ? Qu'est-ce qui nous pousse, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, à aller voir ces êtres hors-normes et irréels se battre contre des menaces improbables et exagérées dans nos salles de ciné ?
Pourquoi ce qui n'était que des blockbusters à l'américaine sont finalement devenus un effet de mode et de société aussi important ? (D'autant plus important si vous vous aventurez dans les strates cachées d'Internet, mais passons...)
Je ne prétends pas détenir la vérité universelle mais du fond de mon humble cœur de fangirl, je suppose que ce qui nous pousse à les aimer, c'est l'espèce de désespoir ambiant qui règne un peu partout. On nous dit que c'est la crise et qu'on ne trouvera pas de travail, qu'il y a la guerre et la famine dans le monde, on nous dit que tout va mal et que le système va s'effondrer. On nous parle de menaces invisibles. Et dans ce climat de morosité ambiante, je pense que les gens ont besoin d'espoir avec un grand E.
Les gens qu'on nous propose à l'écran sont, en tout cas chez Marvel, des gens plus ou moins normaux à qui il arrive des trucs hors normes. Réfléchissez. Peter Parker est juste un petit geek insolent avant de se faire mordre (pas de bol) par une araignée mutante. Bruce Banner, aka The Hulk, est le résultat d'une expérience qui a mal tourné. Tony Stark est un inventeur de génie qui frôle la mort avant de se décider de construire, de ses mains, une armure de combat et devenir Iron Man. Ces gens auraient pu décider de ne rien faire de ce qu'ils sont, des pouvoirs qu'ils détiennent, de leurs capacités. Pourtant, ils se lèvent pour ce qu'ils croient juste et se battent corps et âme parce qu'ils sont convaincus que c'est la bonne chose à faire.
Captain America en est un excellent exemple : il n'est qu'un frêle et maladif gamin de Brooklyn, qui cherche pourtant à sauver, défendre son prochain, protéger la veuve et l'orphelin. Il s'insurge contre la guerre et fait tout son possible pour entrer dans une armée qui le rejette à cause de sa condition physique déplorable, jusqu'à ce qu'un scientifique clairvoyant ne lui offre un corps de super-héros. Dès lors, fort de ses idéaux et d'un corps capable de le suivre, Steve Rogers se lancera dans des batailles qu'il juge importantes et nécessaires. Il se bat pour la liberté, pour ses amis, pour ses concitoyens.
Et quand vous voyez tous ces types qui ne sont rien qu'humains au final au fond, et qui se battent, personnellement ça me donne envie de me battre aussi pour mes idées, mes choix, ma vie. Quand je les vois se relever après une défaite, trouver des solutions à des problèmes apparemment sans issue, ça me donne envie de travailler dur à mon tour et de ne jamais abandonner. La plupart des superhéros sont des humains qui ont décidé de transformer les capacités qui leur ont été conférées en outils pour faire le bien : ils choisissent d'agir parce qu'ils savent qu'ils peuvent le faire. Ils me donnent la force de croire que tout est possible. Ils sont, à leur façon parfois très testostéronée, une source infinie de sentiments positifs.
Personnellement, je parviens difficilement à trouver des films qui redonnent autant la pêche, la banane et l'espoir qu'un film de super-héros. Tout va mal et le monde s'apprête à sombrer dans le chaos jusqu'à ce qu'un type se prenne en main et ne vienne tous nous sauver. Et tout finit bien. Et en plus, y'a des histoires d'amour. Tout le monde est servi, entre séquences émotions et scènes d'action à couper le souffle, les films de superhéros sont le combo cinématographique gagnant. Ils sont divertissants, et les films les plus récents de Marvel ajoutent à cette combinaison sans défaut une bonne dose d'humour et d'originalité, en remettant au goût du jour l'histoire de chacun. J'ai dû voir Avengers une douzaine de fois et pourtant, c'est encore (t'as mis 'toujours' plus loin) un film que je revois avec plaisir, je me laisse toujours embarquer dedans.
Et je pense que tout ça, c'est un peu que ce que les gens cherchent quand ils se ruent dans les salles voir le dernier Spiderman ou le dernier X-Men. Juste se divertir, échapper un peu à la réalité pendant quelques heures, et sortir en pensant que peut-être, eux aussi ont le pouvoir d'agir et d'inférer sur les évènements de leur vie. Les superhéros sont, encore aujourd'hui, des modèles auxquels on a envie de ressembler, un peu comme ce gamin sourd dans les années 60 qui refusait de porter son appareil auditif parce que les "superhéros n'en portent pas" et pour qui Marvel a créé un personnage sourd, et même plusieurs : Hawkeye et The Blue Ears, pour convaincre l'enfant que même les superhéros pouvaient être malentendants. C'est une belle histoire n'est-ce pas ? Eh bien c'est, je pense, celle que l'on veut nous raconter. Celle qu'on vient chercher dans ces films, dans ces histoires.
Et puis, admettons-le, les combis moulantes sur acteurs/atrices sexy, on adore !
A lire dans Noire numéro 5
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Tags : #super-héros, #marvel, #dc, #captainamerica, #ironman, #spiderman, #thehulk
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